Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/378

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Il fallut avant l’heure où la sagesse arrive,
De mon fragile Eden changer la perspective ;
Je vis mourir ma mère, hélas ! et son départ
Me fit dire au bonheur : Tu me viendras trop tard.
Combien de temps restai-je échoué sur sa cendre ?
Je ne sais. Mais l’espoir, habile à nous reprendre,
Me remit par degré son bandeau sur les yeux,
Ce bandeau créateur, dont l’éclat radieux
Prête sa transparence aux regards qu’il épure,
Et, comme un prisme adroit, embellit la nature.
Quoique né pour souffrir et fait pour la douleur,
La pente est si facile à douter du malheur !
Oh ! oui, me répétai-je, entraîné par ce doute,
Puisque j’appelle encor, ma mère absente écoute.
Son amour surveillant peut encore, à ma voix,
Choisir et m’envoyer la fille de son choix :
Et si j’ai des enfans, ma mère de son aile
Abritera leur front, quand ils prîront pour elle.