Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/379

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Ma mère, à mes foyers, ne pourra plus s’asseoir,
Mais en contant ses jours, nous croirons la revoir :
Elle vivra toujours, étant toujours aimée.
C’est ainsi qu’à mes yeux l’existence charmée
Rouvrit ses hori ? ons embrumés par le deuil,
Et qu’après un orage, incrédule à l’écueil,
Ma voile, humide encor de l’écume des grèves,
Flotta vers l’avenir sur l’océan des rêves.

J’y voguai bien long-temps, semblable à ce marin
Qui, long-temps égaré sur une mer d’airain,
Aperçoit tout-à-coup, moins sourde à sa prière,
Surgir, au sein des flots, la terre hospitalière.
Des arbres, inclinés aux bords touffus des eaux,
Y balancent les fruits qui courbent leurs rameaux :
Il les voit. Il entend la brise du rivage
Glisser, à petit bruit, dans les plis du feuillage :
Il respire des fleurs le message attendu,
Et du lait végétal, au palmier suspendu,