Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/393

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Je me le dis aussi : je m’accuse, j’essaie,
Retournant aux moissons, d’en arracher l’ivraie :
Je voudrais réparer le temps que j’ai perdu :
Hélas ! pour remonter, je suis trop descendu.
Chaque vers, en tombant, m’ôte de mon courage,
Et s’il faut plus d’un jour pour finir un ouvrage,
Je m’arrête, mon front se penche sur ma main,
Et je me dis : Pourquoi ! je vivrai donc demain !

Je suis découragé : rien ne peut me distraire,
Et rien n’a su garder le secret de me plaire.
Quand j’admirais le plus leurs joyeuses couleurs,
Un orage est venu briser toutes mes fleurs ;
Nulle n’a survécu ! Dieu, qui m’as fait si triste,
Rappelle-moi ; pourquoi veux-tu donc que j’existe ?
J’ai beau prier 1 — La mort s’enfuit devant ma voix,
Comme un nuage noir, suspendu sur des bois,
Qui passe, sans daigner y frapper du tonnerre
L’arbre enfant, dont la cime est trop près de la terre.