Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Chaque effort, que je fais, pour sortir d’où je suis,
M’enfonce plus avant dans mon marais d’ennuis.
Ah ! lorsqu’on a long-temps vécu dans l’esclavage,
Jamais la liberté ne reprend l’avantage :
Chaque anneau du collier est entré dans nos chairs,
Et l’homme ne fait plus qu’un tout avec ses fers.

Auprès de mes chagrins envoyé par la lyre,
Toi, qui veux chaque jour me rapprendre à sourire,
Et m’arrachant de force à mon bourbier de fiel,
Reconduire ma voix vers les échos du ciel,
Soumet, il est trop tard pour me parler de gloire ;
Tes vers ont vainement pitié de ma mémoire,
Je n’y répondrai pas, et ton hymne de deuil
N’est qu’une fleur d’adieu jetée à mon cercueil.
Séparé de mon ciel, les rayons du génie
Se brisent, sans chaleur, contre mon agonie.
Peut-être étais-je fait, je ne le nîrai pas,
Pour lancer ma pensée au-delà du trépas :