Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le sarcasme souvent me vengeait du parjure,
Et, lorsque ma douleur en émoussait l’injure,
Son cœur ne trouvait pas un mot pour la calmer,
J’arrivais à la haine, à force de l’aimer.

J’ai supporté long--temps son mépris de ma vie,
Sa gaîté de commande, et l’ingrate folie
Qu’elle étalait toujours quand je souffrais le plus,
Et de tous ses projets mon nom toujours exclus,
Ou mis là, par pitié, comme un mot d’habitude :
Je n’ai pas pu traîner plus loin ma servitude,
Et j’ai fui ; ma raison pliait sous son dédain,
Et je sentais sa mort se suspendre à ma main.
Je voulais me venger, et j’ai fui ma vengeance.
Ai-je cru qu’affranchi de tant de négligence,
Mes esprits, remontés à leur premier niveau,
Vers un but généreux flotteraient de nouveau,
Et perdraient par degré, dans leur cours solitaire,
La trace des faux biens dont je parais la terre ?