Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/406

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Hélas ! si je l’ai cru, je me suis bien trompé :
J’ai retrouvé partout le trait qui m’a frappé.
J’ai voulu, mais en vain, m’absorbant dans l’élude,
Y retrancher mes jours contre l’ingratitude :
Des nuages du cœur mes chants restent couverts,
L’ombre de mes ennuis engourdit tous mes vers ;
Il semble que de loin l’impitoyable idole
Jette encor de son cœur le froid dans ma parole,
Et que ne pouvant plus me regarder souffrir,
Elle ait chargé son nom de me faire mourir,
Goutte à goutte surtout, de crainte que j’ignore
Que c’est lui qui me tue, et lui qui me dévore.
J’ai honte de pleurer, quand je devrais haïr ;
Que veux-tu ? jusque-là je ne puis la trahir.
J’ai rompu ; je sais trop que ce n’est rien pour elle,
Mais c’est assez pour moi, qui pleure et qui l’appelle.
Je rougis d’être faible, et je le suis toujours !
Guéri du mal, il faut me guérir du secours,
Et je sens quelquefois qu’irrité d’être sage,
Comme on meurt de faiblesse, on meurt de son courage.