Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/425

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Six mois se sont passés, depuis que j’ai promis
D’envenimer mes chants des maux que j’ai subis ;
Tout a changé de face, et libre de torture,
Mon cœur ressuscité rit comme la verdure.
Six mois se sont passés ! les bois, pendant ce temps,
Ont ouvert leurs bourgeons aux baisers du printemps
Les fleurs ont commencé, sous une tiède haleine,
A jeter leurs festons aux arbres de la plaine :
Les oiseaux endormis se sont tous réveillés :
Les ruisseaux ont couru d’insectes émaillés,
Et j’ai vu le soleil, sur notre part du globe,
Laisser traîner les plis et le feu de sa robe.
Adieu tous mes projets d’être sauvage et dur :
Comment maudire encor, quand le ciel est si pur !

C’est envain, mon ami, qu’au milieu du feuillage,
Qui baise ma fenêtre, où le linot ramage,
Je voudrais rallumer tous mes ressentimens,
Et jeter dans mes vers l’aigreur de mes tourmens,