Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/426

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Je ne puis pas ; le soir est si brillant ! L’aurore,
Jetant sur l’horizon son voile qui le dore,
De diamans si purs étoile mon jardin :
L’abeille est si joyeuse à son premier butin :
Les papillons si frais : des fauvettes si gaies
Montrent leur tête noire aux buissons de mes baies,
Que je me cherche en vain un reste d’âcreté ;
Je respire dans l’air un souffle de bonté.
Je ne puis que bénir la nature que j’aime :
Son repos producteur est rentré dans moi-même.
Je me reprends encore à rêver d’avenir,
A compter sur des blés qui ne peuvent venir ;
Je suis tranquille enfin dans ma mUancolic :
Je ne pardonne pas, mon ami mais j’oublie.

Je m’enchante moi-même en ma sécurité,
Et je me crois encor ce que j’aurais été,
Poète seulement, pour le plaisir de l’être,
M’esjouissant de tout, sans vouloir rien connaître,