Page:Lefèvre-Deumier - Confidences, 1833.djvu/93

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Et de mon âme enfin imprégnant la nature,
Transformer avec moi l’univers en parure.
Je deviendrais ta vie, en t’entourant de moi,
Ton rêve, ton sommeil, ton espoir, et ta foi.
Prenant pour t’adorer mille formes vivantes,
Je deviendrais pour toi le dieu que tu t’inventes,
Et tu m’invoquerais avec mes propres fleurs.
Je serais le ciel même, où n’iraient plus tes pleurs,
Et lorsque tu prîrais, moi, soulevant mes voiles,
Je te verrais prier de toutes mes étoiles !

Dieu ! que le soir fait mal à force d’être doux !
Ce paradis nocturne est trop beau près de vous :
La parole résiste à tout ce qui l’inspire.
Oiseaux, qui la chantez, en la voyant sourire,
Taisez-vous : vos chansons me volent ses accens.
Vents, ne m’emportez pas son souffle que j’attends,
Contentez-vous des lys, que fait plier votre aile :
Je veux ne voir, n’entendre, et ne respirer qu’elle.