Page:Lefèvre-Deumier - Le Clocher de Saint-Marc, 1825.djvu/67

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Sur l’abîme orageux roule comme l’éclair.
Que d’impures vapeurs couvrent au loin la mer,
Et d’un voile rougeâtre environnent cette île,
Dont le port se dérobe à ma rame inutile !
Je ne vois point, ô Grecs, briller vos saints drapeaux.
Sont-ce les Musulmans dont je vois les lambeaux
Sur les flots épaissis retarder mon voyage,
Et comme autant d’écueils me pousser au naufrage ?
Serait-ce votre sang qui roule dans ces eaux ?
Où sont vos bataillons ? Que d’horribles échos
Se rendent, l’un à l’autre, un long bruit d’épouvante !
A travers cette brume incertaine et mouvante,
Quels rochers désolés montent à l’horizon,
Et quel fantôme immense... ? est-ce l’affreux Néron
Qui du sac de Pergame essaie encor l’image,
Et d’une ville en feu savourant le ravage,
A son plus grand forfait revient battre des mains ?
Despote, s’il se peut, plus affamé, d’humains,
Le désespoir, debout sur ces sanglantes cimes,
Fait le dénombrement de toutes ses victimes.