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malgré lui, il donna sa démission au bout de six mois. On lui offrit vingt fois un fauteuil à l’Académie. « Dieu m’en garde ! répondait-il. ― Pourquoi ? ― Parce que je me connais ! Si j’étais académicien, je me croirais obligé d’assister à toutes les séances, à toutes les commissions ! Cela m’ennuierait à mourir ! Ce serait un bout de chaîne. Je n’en veux pas. »

Tous ces sentiments se retrouvent dans une chanson que je cite tout entière, sans scrupule, car je n’y vois pas une tache, et peut-être y aura-t-il bien peu de mes lecteurs qui la connaissent :

 
LE REFUS

Un ministre veut m’enrichir,
Sans que l’honneur ait à gauchir,
Sans qu’au Moniteur on m’affiche.
Mes besoins ne sont pas nombreux ;
Mais, quand je pense aux malheureux,
Je me sens né pour être riche.

Qu’un peu d’argent pleuve en mon trou,
Vite il s’en va, Dieu sait par où !
D’en conserver je désespère.
Pour recoudre à fond mes goussets,
J’aurais dû prendre, à son décès,
Les aiguilles de mon grand’père.

Ami, pourtant, gardez votre or,
Las ! j’épousai, bien jeune encor,