Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/350

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du Louvre ! Enfin c’est aussi dans ce roman que E. Sue aborda pour la première fois la peinture de la vie mondaine. Un certain comte Szaffie, marqué d’un cachet d’élégance licencieuse, commença à troubler quelques imaginations de femmes, et termina la première période de sa vie littéraire. Mais l’esquisse en serait incomplète si je n’y ajoutais un dernier trait curieux et caractéristique.

Si E. Sue était coloriste avec la plume, il l’était aussi avec le pinceau. Tout jeune il avait eu le goût de la peinture. Th. Gudin le comptait parmi ses meilleurs élèves. L’atelier de Gudin a été longtemps légendaire. De là sont parties ces célèbres charges qui ont tant amusé la fin de la Restauration et le commencement de la monarchie de Juillet, et où sont restés attachés les noms de Romieu, de Malitourne et d’Henry Monnier. Ce sont les élèves de Gudin qui faillirent rendre fou ce malheureux portier de la rue du Mont-Blanc, en allant chaque matin, tour à tour, lui demander de ses cheveux. Ce sont les élèves de Gudin qui descendirent un jour, par la cheminée de l’atelier, un squelette qui leur servait de modèle, et firent tout à coup apparaître et danser deux pieds de cadavre au-dessus du pot-au-feu d’une portière. Ce sont les élèves de Gudin qui ont escamoté trois petits ramoneurs. Oui ! ces mauvais garnements, ayant découvert dans l’atelier un placard qui communiquait avec un corps de cheminée de la maison voisine, y firent un trou. Le lendemain part d’en haut et grimpe un petit ramoneur. Arrivé à la hauteur de l’atelier, il est pris par le trou et confisqué. On envoie un second