Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/63

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Une ou deux heures vous suffiront j’en suis sûre !… Et si vous vouliez exécuter ces légers changements tout de suite… ― Tout de suite, reprend vivement le précepteur, c’est impossible ! ― Nous y voilà, se dit Mlle Contat. ― M. Lemercier est fatigué de la lecture. ― Moi ! répond l’enfant, je ne suis pas fatigué du tout. Madame, vous aurez la scène dès ce soir. ― Pourquoi ce soir ? reprit Mlle Contat. Pourquoi pas, comme je vous l’ai dit, tout de suite ? ― Tout de suite ? ― Sans doute !… Je meurs d’envie de voir cette scène refaite. Notre régisseur sera très heureux de vous prêter son cabinet. Vous y serez très tranquille, tout seul… car nous gardons monsieur, ajouta-t-elle avec toute sorte de grâce, en se tournant vers le précepteur… et dès que vous aurez fini… ― Je ne demande pas mieux, Madame, répondit l’enfant ; qu’on me conduise dans le cabinet du régisseur. » Une heure après, il revenait avec la scène refaite et améliorée. Pour le coup il fallut bien se rendre. La pièce fut mise immédiatement en répétition.

Il n’était question que de cet enfant merveilleux. L’intérêt s’accrut encore quand on sut qu’il était le filleul de la princesse de Lamballe. La première représentation réunit au théâtre la ville et la cour. La reine Marie-Antoinette occupait la loge royale avec la princesse. Grand succès ! Bravo prolongés ! On apprend que le jeune auteur est dans la loge royale ; on veut le voir ! C’est la reine qui le présente au public, et qui l’embrasse, aux applaudissements de toute la salle. Une seule personne restait calme et un peu grave, c’était le