Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/742

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Ces deux derniers vers sont tout simplement sublimes. Or voilà précisément le terrible adversaire que Baour-Lormian rencontra et provoqua peut-être, ces méridionaux ne doutent de rien ! Alors s’engagea entre ce petit homme maigre, et ce grand homme gras, une bataille d’épigrammes qui me rappelle les luttes d’athlètes à la salle Montesquieu, entre Marseille et Rabasson.

Baour-Lormian commence :

 
Lebrun de gloire se nourrit,
Aussi voyez comme il maigrit.


Riposte de Lebrun.

 
Sottise entretien la santé,
Aussi Baour s’est toujours bien porté.


Manche à manche.

Baour avait une femme, mais sa femme, dit-on, avait le droit de dire qu’il était plutôt marié que mari ; en tout cas, il n’était pas père. Lebrun saisit le prétexte d’une traduction de la Jérusalem délivrée, faite par Baour, et passe du distique au quatrain.

 
Ci-gît Baour, l’eunuque du Parnasse,
Baour dont l’impuissante audace
Trahissant sa femme et le Tasse
N’a laissé ni gloire ni race.


« Ah ! tu entres dans mon ménage, s’écrie Baour, ah ! tu viens me chercher querelle à propos de ma femme. Je vais parler de la tienne ! » Lebrun venait d’