Page:Legouvé - Soixante ans de souvenirs, 1886.djvu/786

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en renommée. Quelle était cette femme ? une artiste dramatique absolument supérieure, absolument oubliée, et sur laquelle je saisis avec empressement l’occasion de m’arrêter un moment, Mme Allan-Despréaux.


I

Talma était en cours de représentations. Il arrive à Bruxelles. Il voulait jouer Athalie, mais il lui manquait un Joas. On lui amène un matin, à l’essai, une enfant de douze ans, fille d’un musicien de la ville. Il l’écoute, et quelques instants après, il entrait vivement dans la chambre de sa femme, en lui disant : « Viens voir un prodige. » Sa femme le suit, Talma fait répéter à l’enfant la scène de Joas et d’Athalie, et Mme Talma tombe en admiration comme son mari. « Comment t’appelles-tu ? dit Talma, à l’enfant. ― Louise Ross. ― Ross ! Ross ! s’écria Talma, on ne s’appelle pas Ross ! On ne peut pas débuter sous le nom de Ross ! Quel est le nom de demoiselle de ta mère ? ― Despréaux.― A la bonne heure ! Louise Despréaux, c’est un nom d’affiche, cela ! Ma petite fille, va dire à tes parents, que s’ils y consentent, je t’emmène à Paris et que je me charge de toi. » Ainsi fut fait. Talma la fit entrer à la fois au Conservatoire, à l’Opéra-Comique (elle était déjà musicienne) et au Théâtre-Français. Elle y joua avec