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Discours touchant la methode de la certitude et l’art d’inventer.

termes simples en disant qu’un tel a traité une telle matiere, les autres descendant dans le detail, marquent ceux qui ont traité quelque question ou avancé, remarqué et soutenu ou bien refuté quelque opinion, these ou observation considerable, et ce sont là les meilleurs. Je croy que le premier genre de Rrpertoires pourroit estre Alphabetique, mais le second sera plutost systematique, en fournissant la matiere prochaine de l’arrangement d’un Systeme accompli, qui outre les assertions, en contiendra encor les raisons ou preuves. On sera le plus embarassé sur l’ordre des systemes, où il y a ordinairement autant de sentimens que de testes, mais il y en aura un provisionnel, qui suffira quand il ne seroit pas dans la derniere perfection, et le systeme luy même aura beaucoup de renvois d’un endroit à l’autre, la pluspart des choses pouvant estre regardées de plusieurs faces et de plus l’index servira de supplement. L’ordre scientifique parfait est celuy, où les propositions sont rangées suivant les demonstrations les plus simples, et de la manière qu’elles naissent les unes des autres, mais cet ordre n’est pas connu d’abord, et il se decouvre de plus en plus à mesure que la science se perfectionne. On peut même dire que les sciences s’abregent en s’augmentant, qui est un paradoxe tres veritable, car plus on decouvre des verités et plus on est en estat d’y remarquer une suite reglée et de se faire des propositions tousjours plus universelles dont les autres ne sont que des exemples ou corollaires, de sorte qu’il se pourra faire qu’un grand volume de ceux qui nous ont precedé se reduira avec le temps à deux ou trois theses generales. Aussi plus une science est perfectionnée, et moins at-elle besoin de gros volumes, car selon que ses Elemens sont suffisamment establis, on y peut tout trouver par le secours de la science generale ou de l’art d’inventer. Cependant lors même qu’on peut arriver à ces Elements accomplis, les systemes plus etendus ne sont pas à negliger, car en nous donnant un catalogue des meilleurs theoremes déja trouvés, non seulement ils nous epargnent la peine de les chercher au besoin et nous fournissent le même usage que les Tables de nombres déjà calculés, mais ils donnent encor occasion des nouvelles pensées et applications. Outre que la belle harmonie des verités qu’on envisage tout d’un coup, dans un systeme reglé, satisfait l’esprit bien plus que la plus agreable Musique et sert sur tout à admirer l’auteur de tous les Estres, qui est la fontaine de la verité, en quoi consiste le principal usage des sciences.