Page:Leibniz - La Monadologie, éd. Bertrand, 1886.djvu/100

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d’Aristore. Leibnizius recte quidem Entelechiam et in agendo et in perficiendo ponit ; sed in sua ipsius philosophia entelechias ita ab Aristotelis mente defleclit ut tum δύναμει magis divellat usque, propriam quasi vita concedat, tum τὴν ἐντελεχείαν πρώτην vim primitivam ponat, cujus vocis longe aliam esse rationem vidimus. Ainsi pour Leibniz c’est la tendance qui caractérise l’entéléchie qui chez Aristote était le terme de l’action. Citons enfin un passage de la Théodicée : « Ce mot Entéléchie tire apparemment son origine du mot grec qui signifie parfait, et c’est pour cela que le célèbre Hermolaüs Barbarus l’exprima en latin mot à mot par Perfectihabia, car l’acte est un accomplissement de la puissance : et il n’avait pas besoin de consulter le Diable comme il l’a fait, à ce qu’on dit, pour n’apprendre que cela. » (Théod., § 37.)

Espèces Sensibles. — Dans la langue d’Aristote les εἴδη αἰσθητὰ ou espèces sensibles ne sont pas autre chose que les perceptions sensorielles, actes communs du sentant et du senti, et par conséquent ne sauraient se promener, comme dit Leibniz, ni hors de nous ni hors des objets. La scolastique les a quelquefois assimilées aux εἴδωλα} d’Épicure, images qui émanent des objets et sont de véritables intermédiaires entre eux et les organes des sens. Ce sont alors les idées-images devenues plus tard les idées représentatives, qui ont donné lieu à tant de discussions stériles et tant travaillé, comme dit Descartes, l’imagination des philosophes. Voici le détail de cette théorie emprunté à un manuel de philosophie péripatéticienne du temps de Leibniz : Species intentionalis dicitur species ab antiquo verbo spicio, eo quod inserviat ad spiciendum seu aspiciendum. Dicitur intentionalis, quia ejus beneficio potentia cognoscitiva tendit in objectum… Species intentionalis duplex est, scilicet expressa et impressa. Species impressa est imago vicaria objecti quæ simul cum potentia cognoscitiva ad illius objecti cognitionem concurrit, quales sunt imagines quæ sunt in spcculo. Species expressa est terminus per cognitionem productus qui in intellectu vocatur Verbum mentis, in imagine Phantasma, in ceteris vero potentiis cognoscitivis retinet nomen Speciei expressæ. (In universam Aristotelis philosophiam introductio, autore magistro Petro Barbay, editio sexta MDCC, p. 215.)

Essence. — S’oppose souvent à existence et désigne dans ce cas l’objet même de l’intuition ou de la définition, l’idée que l’existence réalise et manifeste. L’essence n’enveloppe pas l’existence, puisqu’il y a des êtres de raison, des êtres simplement possibles, mais l’existence enveloppe l’essence puisque tout ce qui est réel est rationnel, intelligible, et peut tomber sous l’intuition ou être exprimé par la définition. Essentia seu natura, est id per quod respondetur ad questionem factam per quid  : unde eliam dicitur Quidditas, seu id quod est primum in re, et a quo fluunt cætera, unde dicitur Radix cæterorum… Existentia est id per quod respondetur ad questionem factam per an, seu est id a quo res habet ut sit ; sic, Petrus, v. g. habet ab existentia quod sit ; sicut habet ab essentia quod sit homo.

Forme. — Ce mot signifie souvent chez Leibniz, comme chez les philosophes scolastiques, entéléchie, ou âme ou principe de vie. On dit encore dans le même sens formes substantielles et causes formelles. Causa formalis est ea per quam res in suo esse constituitur ; qualis est anima respectu viventis physici. Aristote (Traité des Catégories, chap. de la Quantité) traite de la forme (μορφἡ) et de la figure (σχῆμα), et c’est l’origine de l’amusante distinction, parodie des discussions scolastiques, à la-