Page:Leibniz - La Monadologie, éd. Bertrand, 1886.djvu/101

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quelle, dans Molière, le docteur Pancrace attache une importance si capitale. Le mot qui s’oppose à forme est matière. On voit que le plus souvent le mot forme est pris dans un sens actif : ce qui informe ou donne la forme. On dit en style leibnizien qu’un des plus difficiles problèmes de la métaphysique est celui de l’origine des formes, particulièrement de l’âme raisonnable. On dit encore que le vide des formes ne doit pas être admis en bonne métaphysique : non datur in rerum natura vacuum formarum.

Hippocrate, surnommé le père de la médecine, de la race des Asclépiades, né dans l’île de Cos environ 460 ans avant Jésus-Christ. — Les cinquante-deux ouvrages qui portent son nom ne sont pas tous de lui. Voici les principaux traités de la Collection hippocratique : de l’Ancienne médecine ; les Eaux, les Airs et les Lieux ; Aphorismes ; le Serment ; la Loi ; l’Art ; le Médecin ; les Prorrhétiques ; le Pronostic ; les Épidémies ; le Régime dans les maladies aiguës, etc., etc. Littré a élevé un admirable monument à la gloire d’Hippocrate en publiant le meilleur texte grec et la meilleure traduction française qui ait jamais paru de ses ouvrages authentiques et apocryphes. C’est dans un de ces traités apocryphes que l’on trouve l’aphorisme célèbre « Le médecin-philosophe est l’égal des dieux. » Platon cite souvent Hippocrate et, selon Littré, s’en inspire plus souvent encore. Quant à Aristote, on lui a souvent reproché de n’avoir pas reconnu explicitement les nombreux emprunts qu’il lui a faits.

Indiscernables. — Leibniz dit aussi indistinguables. Seraient indiscernables ou indistinguables deux êtres absolument identiques, mais ils n’existent pas et ne sauraient exister dans la nature. Chaque monade étant un point de vue sur l’univers et sur le monde métaphysique, ces points de vue diffèrent nécessairement comme les différentes vues d’une grande ville selon l’aspect sous lequel on les considère. Il parait que le principe des indiscernables a été formulé pour la première fois par Nicolas de Cusa. Non possunt esse plura esse præcise æqualia, non enim tunc plura essent, sed ipsum æquale. Mais Leibniz l’a fait sien non seulement par les applications nombreuses qu’il en déduit, mais surtout en le déduisant lui-même du principe de raison suffisante. S’il y avait deux êtres identiques, il n’y aurait aucune raison que l’un soit crée ici l’autre là, l’un dans un temps l’autre dans l’autre, en un mot pour qu’ils soient deux. Les êtres doivent donc toujours différer plus que numero et leurs différences résident dans leur nature intime, non dans leurs relations avec les autres êtres, relations qui d’ailleurs se traduisent dans leur nature même par des différences de perceptions et d’aperceptions.

Ingrédients, pour éléments constitutifs, ce qui entre dans la composition des choses, dans l’être par agrégation, ens per aggregatum, qui n’est un être qu’en apparence et d’une manière toute phénoménale, « comme un tas de pierres ou l’arc-en-ciel ».

Métempsychoses. — Passage d’une âme dans un autre corps, impossible selon Leibniz, puisque l’âme ne saurait être un instant séparée. — Métamorphose, changement de forme, comme quand la chrysalide devient papillon. « Il n’y a point de métempsychose mais il y a métamorphose : les animaux changent, prennent et quittent seulement des parties. » (Erdm., 715, a.)

Monade. « Substance simple qui entre dans les composés. » (Monad., 1.) — « Monas est un mot grec qui signifie l’unité ou ce qui est un. » (Princ. de la Nat. et de la Grâce, 1.) — « Chaque Monade est un miroir vivant, ou doué d’action interne, représentatif de l’Univers sui-