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LEXIQUE

DE LA TERMINOLOGIE LEIBNIZIENNE ET DES NOMS PROPRES




Accidents. — S’oppose à la substance ou à l’essence qui ont pour qualité fondamentale d’être permanentes. Les accidents (quod accidit) sont les modifications adventices (συμβεβηκότα, dans la langue d’Aristote) des choses et ne résultent pas immédiatement de leur nature propre. Les scolastiques définissent l’accident de cette manière : Accidens est ens alteri inhærens. — Illud inhæret quod est in alio, et non est pars alicujus naturæ, et non potest esse sine co qui inhæret, ut magnitudo, albedo, philosophia. — Inhæsio est unio accidentis cum suo subjecto, v. g. philosophiæ cum intellectu.

Antécédent. — Leibniz distingue la volonté présomptive ou antécédente de Dieu de sa volonté conséquente et décisive. La première, c’est celle que nous devons présumer a priori ; la seconde, c’est celle que nous constatons a posteriori. Ainsi Dieu veut antécédemment le bien et conséquemment le mal parce que le mal, en vertu de la distinction des possibles et des compossibles, est souvent la condition du plus grand bien auquel il serait absurde que Dieu préférât un moindre bien. Cette volonté conséquente et décisive de Dieu, nous n’en sommes instruits que par l’expérience au fur et à mesure qu’elle se déroule sous nos yeux, tandis que nous connaissons par la raison la volonté antécédente qui n’est pas dans les secrets de Dieu. Voilà pourquoi nous devons attendre les événements avec confiance : fais ce que doit advienne que pourra. Leibniz exprime la même idée dans cette phrase « se fier à la Providence après avoir fait son devoir » qui est peut-être une réminiscence de Corneille. « Faites votre devoir et laissez faire aux dieux. »

Appétition. — Tendance à passer d’une perception à une autre, d’un état à un autre état ; le désir dans le sens spinoziste « tendance à persévérer dans l’être et à accroître son être. » L’appétition est prise généralement par Leibniz comme « l’effet qui résulte des perceptions insensibles, dont on ne s’aperçoit pas. » Cependant il déclare qu’il y a aussi des appétitions aperceptibles. C’est alors une sorte de volition. Mais, ajoute-t-il, « on n’appelle actions volontaires que celles dont on peut s’apercevoir et sur lesquelles notre réflexion peut tomber lorsqu’elles suivent la considération du bien et du mal. » Dans l’appétition aperceptible il n’y a donc toujours que la tendance ou l’effort qui tombe sous la conscience : le but nous échappe et n’est pas posé par l’intelligence ou la réflexion.

Architectonique. — Littéralement, premier ouvrier, artisan dirigeant en chef et qui trace la besogne aux autres ouvriers. « Notre âme, dit Leibniz, est architectonique dans les mouvements volontaires. » Cela veut dire qu’elle les dirige et qu’elle en règle l’exécution. Science architectonique signifie science maîtresse et dont les autres ou quelques autres dépendent. Il y a encore une autre nuance du mot quand Leibniz déclare que Dieu comme architecte contente en tout Dieu comme législateur. Cela veut dire que la structure mécanique de l’univers est disposée pour