Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/103

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chesses… Des richesses sont nés le luxe et l’oisiveté. Du luxe sont venus les beaux-arts, et de l’oisiveté les sciences.

Autre exemple. La croyance à la bonté naturelle de l’homme était impliquée, mais non formulée dans le Discours. C’est dans une note de la Réponse à Bordes que Rousseau dit pour la première fois : « Je pense que l’homme est naturellement bon ».

Troisièmement, à mesure qu’il essaye de préciser l’idée de son premier Discours, les sentiments dont cette idée n’est que le produit et l’expression deviennent en lui plus profonds et plus violents. Il prend l’offensive partout où il en trouve le joint. Le ton est plus frémissant dans les Réponses et surtout dans les Notes que dans le Discours lui-même. Voici une note de la Réponse à Bordes :

Le luxe nourrit cent pauvres dans nos villes et en fait périr cent mille dans nos campagnes. L’argent qui circule entre les mains des riches et des artisans pour fournir à leurs superfluités est perdu pour la subsistance du laboureur, et celui-ci n’a point d’habit parce qu’il faut du galon aux autres. (A la vérité il n’explique pas comment.) Le gaspillage des matières qui servent à la nourriture des hommes suffit seul pour rendre le luxe odieux à l’humanité… Il faut des jus dans notre cuisine, voilà pourquoi tant de malades manquent de bouillon. Il faut des liqueurs sur nos tables, voilà pourquoi le paysan ne boit que de l’eau. Il faut de la poudre à nos perruques, voilà pourquoi tant de pauvres n’ont point de pain.

Oh ! mon Dieu, vous trouverez cela dans La