Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/118

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sonnements, mais par des affirmations, des descriptions, et des tableaux. Il répond en faisant, à sa façon, l’histoire de l’humanité depuis les premiers âges, un peu comme Lucrèce au Livre V de son poème, ou comme Buffon dans la Septième époque de la Nature, mais avec plus de développement et dans un autre esprit. Son Discours est, en somme, un poème, c’est le roman de l’humanité innocente, puis pervertie.

Commençons, dit Rousseau, par écarter tous les faits (comme c’est rassurant !), car ils ne touchent point à la question. Il ne faut pas prendre les recherches dans lesquelles on peut entrer sur ce sujet pour des vérités historiques (à la bonne heure), mais seulement pour des raisonnements hypothétiques et conditionnels, plus propres à éclairer la nature des choses qu’à en montrer la véritable origine, et semblables à ceux que font tous les jours nos physiciens sur la formation du monde.

Nous voilà prévenus. Il raconte ce qu’il suppose, et l’on peut bien dire ce qu’il rêve. Je disais bien : — « Lisons son Discours comme un roman. » — Il continue :

Ô homme, voici ton histoire, telle que j’ai cru la lire, non dans les livres de tes semblables qui sont menteurs, mais dans la nature qui ne ment jamais.

C’est à merveille ; mais qu’est-ce que la « nature » ? — Je puis vous dire dès maintenant que je ne crois pas que Jean-Jacques ait donné nulle