Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

soufflée par Diderot, que cela amusait. Jean-Jacques nous le dit dans deux notes des Confessions :

Je ne sais pas comment toutes mes conférences avec Diderot tendaient toujours à me rendre satirique et mordant, plus que mon naturel ne me portait à l’être.

Et encore :

Diderot abusait de ma confiance pour donner à mes écrits ce ton dur et cet air noir qu’ils n’eurent plus quand il cessa de me diriger.

Quoi qu’il en soit, ce qui dans le Discours sur l’inégalité a probablement le plus secoué le beau monde, et ce qui a le plus agi quarante ans plus tard, ce sont probablement des lieux-communs emphatiques ou violents comme ceux-ci (j’en indique seulement le début et comme la première modulation) :

Sur la liberté :

Comme un coursier indompté hérisse ses crins, frappe la terre du pied et se débat impétueusement à la seule approche du mors, tandis qu’un cheval dressé souffre patiemment la verge et l’éperon, l’homme barbare ne plie point la tête au joug que l’homme civilisé porte sans murmure, et il préfère la plus orageuse liberté à un assujettissement tranquille…

Sur les riches :

…Je prouverais enfin que, si l’on voit une poignée de puissants et de riches au faîte des grandeurs et de la fortune, tandis que la foule rampe dans l’obscurité et la misère, c’est que les premiers n’estiment les