Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/156

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Levasseur une petite pension, si on en croit madame d’Épinay).

Peu de temps après son arrivée à Montlouis, il reçut le volume de l’Encyclopédie qui contenait l’article de d’Alembert sur GENÈVE. Dans cet article, « concerté avec des Genevois du plus haut étage », et où Voltaire avait mis la main, d’Alembert conseillait l’établissement d’un théâtre à Genève.

Le sang de Rousseau ne fit qu’un tour. Il sentait Voltaire là-dessous, Voltaire magnifiquement installé aux portes de Genève, qui attirait chez lui les principaux de la ville pour leur donner la comédie sur son petit théâtre, et qui avait évidemment entrepris de corrompre la cité de Calvin. Or cette cité était aussi celle de Rousseau. Il y avait reçu, quatre ans auparavant, l’accueil le plus flatteur. Il résolut donc de défendre la pudeur de Genève, et écrivit sa Lettre à d’Alembert.

Les relations de Rousseau avec Voltaire remontaient au temps (vous vous en souvenez) où Rousseau arrangeait la Princesse de Navarre sous le titre de Fêtes de Ramire. Ils s’étaient ensuite rencontrés dans quelques salons de Paris ; et il est bien clair qu’ils n’avaient pas dû « s’accrocher ».

Puis, en 1756, Rousseau avait un jour reçu le poème de Voltaire sur le Désastre de Lisbonne (la ville à moitié détruite en 1755 par un tremblement de terre et un incendie ; trente mille hommes écrasés ou brûlés). Voltaire avait écrit là-dessus deux cent cinquante vers élégants et