Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/157

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fluides. — d’ailleurs convenablement spiritualistes, — où il se refusait à reconnaître que « tout fût bien », même au sens de Leibnitz et de Pope, et concluait qu’il ne faut pas dire : « Tout est bien », mais : « Un jour, tout sera bien ».

Ce pessimisme, quoique mitigé, avait paru odieux à Rousseau : et alors (chose vraiment admirable), Rousseau, pauvre, infirme et malade, avait écrit à l’auteur une longue lettre qui contient déjà plusieurs des principaux éléments de la Profession de foi du Vicaire Savoyard, — et où il démontrait que « de tous les maux de l’humanité, il n’y en avait pas un dont la nature ne fût disculpée, et qui n’eût sa source dans l’abus que l’homme a fait de ses facultés plus que dans la nature elle-même ». — Il soutenait même expressément que la destruction de Lisbonne et de ses habitants, c’était encore la faute des hommes, puisque c’était la faute de la civilisation. Il faisait remarquer que ce n’était pas la nature qui avait rassemblé à Lisbonne vingt mille maisons de six à sept étages et que, si les habitants eussent été dispersés plus également, et plus légèrement logés, le dégât eût été moindre et peut-être nul : « Tout eût fui au premier ébranlement, et on les eût vus le lendemain à vingt lieues de là, tout aussi gais que si rien n’était arrivé. »

Voltaire répondit à Rousseau, en peu de lignes, qu’étant malade et garde-malade lui-même, il remettait à un autre temps sa réponse. Cette ré-