Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/169

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« combattre la nature » veut souvent dire « combattre les désirs des sens ». De quelle « nature » nous parle donc Rousseau ? Jamais, jamais nous ne le saurons.

(Lui-même, en réalité, ce n’est pas au nom de la « nature », mais c’est, au contraire, au nom de son vieux protestantisme hérité qu’il condamne le théâtre.)

Avec tout cela, la Lettre sur les spectacles se lit encore avec plaisir. Cela est tout genevois et tout protestant, mais d’un Genevois presque souriant et d’un protestant détendu. Ce n’est plus l’exagération folle et sombre du Discours sur l’inégalité. Tout n’y est pas paradoxe ; et les paradoxes mêmes y contiennent une part de raison. C’est d’ailleurs celui de ses livres que Rousseau a écrit avec le moins d’effort (en trois semaines). Il se répand en vingt digressions ; il se joue, autant qu’il peut se jouer. On sent que cela a été écrit entre deux « parties » de la Nouvelle Héloïse.

L’ouvrage eut beaucoup de succès et provoqua des réponses ; notamment une de Marmontel et une de d’Alembert.

La réponse de Marmontel est une réfutation sensée et un peu superficielle, un morceau d’honnête professeur. Mais la réponse de d’Alembert est distinguée et fine, et pleine de ces malices sournoises qu’on appelle aujourd’hui des « rosseries ». Ce n’est pas mon objet de les recueillir. J’en veux pourtant citer une, — atroce, celle-là, si, comme je