Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/181

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tient à nous faire savoir que tout cet éclat ne l’éblouit point et qu’il garde, au milieu de tant de gloire, sa simplicité. (La même note un peu niaise se retrouvera dans Chateaubriand.)

J’interpelle, dit Jean-Jacques un peu solennellement, tous ceux qui m’ont vu durant cette époque, s’ils se sont jamais aperçus que cet éclat m’ait un instant ébloui ; que la vapeur de cet encens m’ait porté à la tête ; s’ils m’ont vu moins uni dans mon maintien, moins simple dans mes manières, moins liant avec le peuple, moins familier avec mes voisins, etc..

Et il se sait un gré extrême de souper quelquefois avec son voisin le maçon Pilleu après avoir dîné chez les Luxembourg. Il trouve cela admirable, il n’en revient pas.

Donc, jamais il n’a été plus heureux. Mais il va le payer, et bientôt.

Et les seigneurs et les dames qui l’applaudissent, le choient et l’embrassent, le paieront aussi, — plus tard.

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La Nouvelle Héloïse, imprimée à Amsterdam, paraît en France au début de 1761 avec un succès prodigieux. Émile est prêt quelques mois après. Rousseau voudrait, par prudence, le faire imprimer et publier, comme la Julie, seulement à l’étranger. Mais, prenant ses intérêts plus que lui-même, madame de Luxembourg et Malesherbes veulent que l’Émile soit publié régulièrement en France en