Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/182

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même temps qu’en Hollande. Malesherbes propose lui-même les corrections nécessaires. Et, comme l’impression traîne et que Rousseau ne sait pas ce qui se passe, il meurt d’inquiétude. Mais quoi ! Malesherbes, directeur de la librairie, la maréchale et même le prince de Conti se sont chargés de tout, lui répondent de tout.

Tout de même, cette impression traîne bien ! Rousseau retombe malade. Cette fois il croit avoir la pierre. Le maréchal lui amène le célèbre frère Côme. Le frère Côme (Rousseau, je le répète, n’a jamais eu qu’à se louer des prêtres ou religieux catholiques) parvient à le sonder, et déclare « qu’il n’y avait point de pierre, mais que la prostate était squirreuse et d’une grosseur surnaturelle, et que Rousseau souffrirait beaucoup, mais qu’il vivrait longtemps ».

Et l’impression de l’Émile traîne toujours !… Il paraît enfin, en mai 1762. Mais des bruits inquiétants circulent. Le 8 juin, dans la nuit, au moment où Rousseau, selon sa coutume, lisait la Bible avant de s’endormir, il est averti qu’il est décrété de prise de corps. Il faut qu’il file : il ne résiste pas. Adieux attendrissants. La maréchale, madame de Boufflers, madame de Mirepoix qui se trouvent là, l’embrassent en pleurant, et le bon maréchal le conduit lui-même jusqu’à une chaise de poste déjà prête.

Pourquoi Rousseau était-il décrété ? Par ce que le Parlement préparait alors l’expulsion des