Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et Julie à son tour le récompense de sa vertu par un rendez-vous nocturne et tout à fait sérieux. Je passe quelques épisodes. — Puis Julie est enceinte, puis elle fait une fausse couche, tout cela secrètement. — Puis, mylord Édouard, l’ami de Saint-Preux, ayant conseillé au père de Julie de la marier avec son maître d’étude, le baron fait une scène terrible à sa femme et à sa fille ; et la subtile Claire parvient à faire filer Saint-Preux, qui se rend à Paris. Julie, auparavant, lui a juré que sans doute elle ne l’épouserait pas sans le consentement de son père, mais qu’elle ne sera jamais à un autre sans le consentement de Saint-Preux.

Et voilà le roman, — tant refait depuis, — du maître d’étude et de la jeune noble. Je n’en ai retenu que les faits essentiels : car, dans cette surabondante Julie qui contient douze cents pages, il n’y en a pas quatre cents qui se rapportent à l’ « histoire » elle-même ; et je viens de vous en analyser le premier tiers.

Ce premier tiers est, de beaucoup, le plus ennuyeux (sauf les digressions : le voyage de Saint-Preux dans le Valais et les lettres qu’il envoie de Paris). — Et pourtant c’est probablement la partie de son livre que Rousseau a écrite avec le plus de fièvre. C’est de ce premier volume de l’Héloïse que madame d’Épinay a dit dans ses Mémoires : « Après le dîner nous avons lu les cahiers de Rousseau. Je ne sais si j’étais mal disposée, mais je ne suis pas contente. C’est écrit à merveille, mais