Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/214

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mourir ; il ne veut pas le guérir d’une passion qui se doit à elle-même d’être incurable… Alors ? — S’il le ramenait à Clarens, près de Julie, près de Wolmar ? Pourquoi pas ? Tout le monde serait content. Nous n’avons pas affaire à des gens ordinaires. Jean-Jacques se rappelle l’imperturbable Saint-Lambert. Est-ce que Saint-Lambert, les premiers jours passés, se sentait gêné entre madame d’Houdetot et lui, Jean-Jacques ? ou madame d’Houdetot entre Jean-Jacques et Saint-Lambert ? ou Jean-Jacques entre Saint-Lambert et madame d’Houdetot ? Et lui-même, autrefois, s’est-il senti gêné entre madame de Warens et Claude Anet ? ou Claude Anet entre lui et madame de Warens ? ou madame de Warens entre lui et Claude Anet ? Est-ce qu’on ne s’accommode pas de toutes les situations, quand on est sincère et vertueux ? — Il oublie que ni lui ni Anet n’était le mari de la dame des Charmettes. Il oublie, pour l’autre trio, que lui, Jean-Jacques, n’était pas et n’avait pu être l’amant de madame d’Houdetot, et que Saint-Lambert était bien rassuré sur ce point. N’importe. Pourquoi Wolmar ne serait-il pas un Saint-Lambert supérieur, Saint-Lambert tel qu’il aurait pu être ?

C’est dit. Il réunira, pour qu’ils soient heureux, et pour arroser leur bonheur de ses larmes, tous ceux qu’il aime : Julie, son mari, son amant, — et plus tard, Claire d’Orbe, sa confidente et sa complice. Et tous ces gens vivront très bien ensemble,