Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/219

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gens-là étaient dans l’humanité moyenne. Mais justement ils n’y sont point (et Rousseau a voulu que ce fût leur marque à tous dans ce troisième volume) ; justement ils s’en distinguent avec éclat ; justement, dans leurs souffrances mêmes, ils jouissent de se sentir exceptionnels et d’être follement romanesques, et « tiennent infiniment, partie orgueil, partie raffinement d’imagination, à n’être pas comme les autres » (Faguet).

Bref, ils ressemblent à leur père Jean-Jacques. Jean-Jacques aime, comme eux, et pour eux comme pour lui-même, les situations bizarres… D’abord, parce qu’il en a l’habitude, ayant été souvent amoureux toléré de femmes qui avaient des amants ; puis, parce que nous l’avons toujours vu étrangement exempt de jalousie charnelle (et j’ai essayé de dire pourquoi) ; enfin, parce que ces situations anormales et compliquées donnent lieu à des sentiments rares, qui par là lui semblent sublimes.

Et c’est ainsi qu’il a conduit ses personnages dans une impasse… Arrivé à ce point, il ne sait décidément plus que faire d’eux. Les faire faillir ? Mais alors à quoi bon tout le sublime qui est avant ? — Les laisser vieillir, s’apaiser, se détendre ? Fi ! — « La situation ne comporte pas de dénouement logique » (Faguet).

Julie donc se jette à l’eau pour sauver son petit garçon. Elle y gagne un mal que l’auteur ne spécifie pas, et qui est apparemment une pleurésie. Sur son