Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/221

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Mais la Nouvelle Héloïse a douze cents pages ; la Nouvelle Héloïse est un énorme livre, éloquent et désordonné, où l’auteur a déversé tout ce qui lui est venu. Outre « l’histoire » elle-même, il y a les discours, descriptions et digressions de toute sorte : le voyage de Saint-Preux dans les montagnes du Valais ; l’épisode du mariage de Fanchon ; la dissertation sur la musique française et la musique italienne ; la discussion sur le duel ; les lettres de Saint-Preux sur les moeurs parisiennes ; la discussion sur le suicide ; la description de la vie qu’on mène chez Wolmar, qui est un véritable traité d’économie domestique (en cent vingt pages et deux parties) ; la discussion sur l’art des jardins ; la description de vendanges ; les considérations sur l’éducation des enfants, sur le caractère des Genevois, sur la prière, sur la liberté ; la profession de foi spiritualiste de Julie à son lit de mort, etc., etc.. (je ne retiens ici que les faits réellement extérieurs à l’action elle-même) — et enfin le récit des Amours de mylord Édouard, où l’on voit une fille galante refuser d’épouser son amant et se racheter par le sacrifice, ce qui est donc encore une histoire de relèvement, — et comme un premier crayon de toutes les « dames aux camélias » qu’on a vues depuis.

Tout cela éloquent, harmonieux, et tout cela sincère et presque ingénu ; et dans tout cela bien des choses que nous remarquons à peine, à moins d’être avertis, mais qui étaient neuves alors :