Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/240

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Au livre III, de douze à quinze ans, se fait l’éducation de l’intelligence et de la réflexion, — toujours par les choses mêmes, par l’expérience directe, sans livres, — avec le moindre effort possible pour l’élève.

On lui apprend notamment l’astronomie, la géographie, la physique, la chimie : ou plutôt on s’arrange de façon que les circonstances et le besoin les lui apprennent. On feint de s’égarer dans une promenade, pour qu’il essaye de s’orienter ; et ainsi on lui glisse l’astronomie en douceur. — Il y a toute une histoire compliquée et vraiment grotesque, où le gouverneur s’entend secrètement avec un joueur de gobelets pour apprendre la physique à Émile tout en corrigeant sa vanité. Ainsi, par grand respect de la nature, on lui enseigne les choses sans les lui enseigner tout en les lui enseignant par de subtils détours.

On met aux mains d’Émile Robinson Crusoë, et on lui fait réaliser ce roman autant qu’il se peut. On lui persuade (fort bon, cela) d’apprendre un métier manuel, — un métier honnête, bien entendu, — « non celui de brodeur, par conséquent, ou de doreur, ou de tailleur, ou de musicien, ou de comédien, ou de faiseur de livres », — mais celui de menuisier.

Nous voilà au Livre IV, où Émile fait l’éducation de sa sensibilité, et où son précepteur le forme aux sentiments sympathiques et sociaux.

Émile a quinze ans ; âge dangereux. (Rousseau,