Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/243

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tions, non de ma propre expérience ; je savais qu’elle ne concluait rien pour les autres. Trouvez des Jean-Jacques à six ans, et parlez-leur de Dieu à sept, je vous réponds que vous ne courez aucun risque.

Oui, nous savons que Jean-Jacques était un enfant de génie. Mais Émile, ce cher Émile, est-il donc un petit idiot ?

Mais laissons la Profession de foi du Vicaire Savoyard, que je traiterai à part, et continuons de suivre Émile dans son développement.

Émile est de plus en plus tourmenté par la crise de la dix-huitième année. Comment « étendre chez lui, jusqu’à vingt ans, l’ignorance des désirs et la pureté des sens » ?

« Couchez dans sa chambre ; qu’il ne se mette au lit qu’accablé de sommeil, et qu’il en sorte à l’instant qu’il s’éveille. » Puis, il faut l’emmener hors des villes, l’exercer à des travaux pénibles, l’envoyer à la chasse, et lui parler éloquemment.

« Lui parler éloquemment ? » Cela rappelle Bouvard et Pécuchet s’évertuant à moraliser Victor : « Fénelon recommande de temps à autre une « conversation innocente ». Impossible d’en imaginer une seule… Bouvard et Pécuchet firent lire à leurs élèves des historiettes tendant à inspirer l’amour de la vertu. Elles assommèrent Victor… » Etc. — Peut-être bien qu’en ces matières et dans la plupart des cas rien ne vaut ni ne remplace le commandement catégorique d’une