Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

foi religieuse. Mais c’est ce que la « nature » ne fournit pas : au contraire.

Reprenons. Si Émile continue d’être tourmenté, il n’y a plus qu’une ressource : son gouverneur partira avec lui, à la recherche d’une compagne, et fera durer la recherche.

De même qu’on avait combiné d’avance de petits drames pour apprendre à Émile enfant ce que c’est que la propriété, ou pour lui ôter l’envie de sortir sans son gouverneur, ou pour lui enseigner à la fois la physique et la modestie, — ainsi le mariage de l’heureux jeune homme sera l’effet d’une machination longuement préparée par son maître.

Voici. Le gouverneur connaît depuis longtemps la jeune fille qui convient à son élève et qu’il lui destine ; il connaît ses parents, il sait où elle demeure. Mais il la décrit d’abord à Émile comme un objet imaginaire, dont la pensée combattra l’impression des objets réels. Il dit négligemment : « Pour lui donner un nom, mettons qu’elle s’appelle Sophie ». Et il part avec son élève à la recherche de la jeune personne qui ressemblera le mieux à cette Sophie de ses rêves.

Émile et son précepteur vont donc à Paris. Émile voit le monde, la société. Élevé comme il l’a été, la société et le monde n’ont plus de danger pour lui. Il les voit comme ils sont, méprisables et ridicules. Il est de plus en plus sensible à la vie simple et rurale. Et nous rencontrons ici le « cou-