Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

frein de leur sexe ôté, dit Rousseau, que reste-t-il qui les retienne ? et de quel honneur peuvent-elles faire cas, après avoir renoncé à celui qui leur est propre ? » Et tant pis pour madame d’Épinay, et pour madame d’Houdetot, et même pour madame de Luxembourg !

Mais venons à Sophie elle-même.

Son portrait est long, mais agréable. En voici un petit extrait :

…Sophie n’est pas belle, mais auprès d’elles les hommes oublient les belles femmes, et les belles femmes sont mécontentes d’elles-mêmes. A peine est-elle jolie au premier aspect ; mais plus on la voit, et plus elle s’embellit ; elle gagne où d’autres perdent ; et ce qu’elle gagne elle ne le perd plus… Sans éblouir elle intéresse, elle charme, et l’on ne saurait dire pourquoi… Sophie aime la parure et s’y connaît… mais elle hait les riches habillements… Sophie a des talents naturels… Sophie est extrêmement propre. Cependant cette propreté ne dégénère pas en vaine affectation ni en mollesse… Jamais il n’entra dans son appartement que de l’eau simple ; elle ne connaît d’autres parfums que celui des fleurs ; et jamais son mari n’en respirera de plus doux que son haleine. Enfin l’attention qu’elle donne à l’extérieur ne lui fait pas oublier qu’elle doit sa vie et son temps à des soins plus nobles ; elle ignore ou dédaigne cette excessive propreté du corps qui souille l’âme ; Sophie est bien plus que propre : elle est pure.

Délicieux en somme, avec ses lenteurs, tout ce portrait physique et moral de Sophie. Je le résume ainsi : un ensemble de qualités moyennes d’où se dégage un charme supérieur… Je ne vois Sophie