Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/249

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qu’avec des jupes rayées de rose, et beaucoup, beaucoup de linge frais, et des yeux facilement humides.

Sa mère était pauvre, mais « de condition ». Son père était riche ; il est à demi ruiné : mais il possède encore la jolie maison aux contrevents verts, un beau jardin, des prés, des champs. Tous deux sont bons et respectables. Sophie est élevée selon les principes exposés ci-dessus. On la gronde et on la punit parfaitement, puisqu’elle n’est qu’une fille. Son père lui tient les discours les plus tendres et les plus sensés du monde. Il y a là tout un tableau d’intérieur charmant et cordial, un joli coin de roman bourgeois, — et qui était neuf alors.

Quelques indélicatesses de touche viennent le gâter un peu. Sophie languit. Elle est malade d’être fille. L’auteur nous parle trop des « sens » et des « désirs » de Sophie, et même de son « tempérament combustible ». Et nous savons bien que les jeunes filles peuvent avoir des sens et des désirs, mais nous aimons à les supposer comme engourdis, et il ne nous est pas très agréable qu’on nous en parle sans détour.

On s’inquiète, on interroge Sophie, et elle laisse échapper son secret. On lui a donné à lire le roman de Fénelon, et elle aime Télémaque ! Et c’est cela qui la consume.

Or voici que Télémaque et Mentor, c’est-à-dire Émile et son gouverneur, surpris et mouillés par un orage, viennent demander l’hospitalité aux parents de Sophie. Tout cela a été combiné entre le gou-