Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/273

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semble de mille manières différentes et compensées l’une par l’autre en divers sujets, forment ainsi les divers états et les différentes conditions, etc. », n’a pas cessé d’être vraie depuis la Révolution. — Louis Veuillot a écrit : « Si je pouvais rétablir la noblesse, je le ferais tout de suite et je ne m’en mettrais pas. » Moi non plus.

Tout ce que doit la société, ai-je dit, c’est, autant que possible, — entendez : autant que le permet l’intérêt général, — de se garder d’ajouter, à l’inégalité qui vient de la nature, un surcroît d’inégalité qui viendrait des lois ; c’est, autant que possible, d’appliquer à ses membres un traitement égal.

Or cela est possible dans la vie civile. L’égalité devant le Code, quoiqu’elle soit souvent un leurre, nous paraît chose due. Voltaire ne réclamait que cette égalité-là. Nous l’avons. — Au delà, c’est la chimère. L’égalité politique (suffrage universel) crée des inégalités pires. L’égalité économique, ou collectivisme, serait un fonctionnarisme, donc une hiérarchie, et ramènerait à l’inégalité.

Le Contrat social démontre avec éclat le premier point (que l’égalité politique crée des inégalités pires).

Avant les premières sociétés, au temps des sauvages épars, l’inégalité existe dès qu’ils se rencontrent, et (quoi qu’en dise Rousseau) la plus brutale des inégalités, celle de la force ou de l’adresse physique.

On peut sans doute supposer, à l’origine des