Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/285

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publique n’élève presque jamais aux premières places que des hommes éclairés et capables qui les remplissent avec honneur ». — On y lit que « le peuple se trompe bien moins sur ses choix que le prince » ; — « qu’un homme d’un vrai mérite est presque aussi rare dans le ministère (d’un roi) qu’un sot à la tête d’un gouvernement républicain ». On y lit, à propos des rois, « que tout concourt à priver de justice et de raison un homme élevé pour commander aux autres ». — On y lit « que les républiques vont à leurs fins par des voies plus constantes et mieux suivies que la monarchie ». — Le gouvernement féodal y est appelé « cet inique et absurde gouvernement dans lequel l’espèce humaine est dégradée, et où le nom d’homme est un déshonneur ». Etc, etc.. Tous les préjugés les plus ineptes et les plus meurtriers de la Révolution sont hérités du Contrat social.

J’ai entendu, écrit Mallet de Pan, j’ai entendu, en 1788, Marat lire et commenter le Contrat social dans les promenades publiques, aux applaudissements d’un auditoire enthousiaste.

Et, cinq ans après, la France connaissait les bienfaits des doctrines du Contrat social, et de l’universelle égalité, et de la souveraineté du peuple, et du droit absolu de l’État, et des magistratures d’exception telles que le Comité de Salut public et le tribunal révolutionnaire. Du chapitre 8 du livre IV sortait le préjugé anti-catholique, et la Constitu-