Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

un « vicaire savoyard », dont les discours l’ont ramené dans le droit chemin. Rousseau juge indispensable que ce bon prêtre ait commis autrefois une faute contre les mœurs : car Rousseau ne peut imaginer un personnage sympathique qui n’ait, comme lui, quelque souillure. Mais enfin ce vicaire est plein de vertu et de charité, et je le dirais assez proche de Jocelyn, si Jocelyn n’était resté pur et si Jocelyn ne gardait mieux, quant au dogme catholique, une sorte d’orthodoxie verbale.

Or ce prêtre emmène un matin son jeune ami dans la campagne, et, en présence d’une nature dont le spectacle fortifie ses discours et les appuie d’un magnifique témoignage, il expose à son disciple la doctrine du plus pur et du plus émouvant spiritualisme.

Je crois utile de résumer sa très simple argumentation.

Visiblement une volonté meut l’univers. Et, si la matière mue nous montre une volonté, la matière mue selon de certaines lois nous montre une intelligence. Voilà pour l’univers.

Et voici pour l’homme : — L’homme est libre dans ses actions et, comme tel, animé d’une substance immatérielle.

Or, si l’âme est immatérielle, elle peut survivre au corps et, si elle lui survit, la Providence est justifiée de l’existence du mal sur la terre (sans compter que le mal moral est l’ouvrage de l’homme et que le mal physique se réduit presque à rien