Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/308

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terait contre cette infraction à la loi. Et, en effet, il avait à Genève des amis, les meneurs de ce qu’on peut appeler, le parti démocratique, — et qui même l’ennuyaient bien fort, et qui l’accablaient de leurs lettres et de leurs visites (deux eurent l’indiscrétion de tomber malades chez lui et de s’y faire soigner). Mais tout se passait en paroles. Après avoir attendu plus d’un an « que quelqu’un réclamât contre une procédure illégale », Rousseau prit enfin un parti, renonça « à une ingrate patrie », abdiqua, par une lettre au premier syndic, son droit de bourgeoisie.

Il dut être très malheureux à ce moment-là. Nous le voyons dans sa correspondance (qu’il faut toujours consulter en même temps que ses Confessions). Seul, proscrit, se croyant abandonné de tous, ses souffrances physiques ayant redoublé de violence, il écrit à Duclos (le seul des « philosophes » avec qui il ne se soit jamais brouillé) qu’il est décidé au suicide.

…Ma situation physique a tellement empiré… que mes douleurs, sans relâche et sans ressource, me mettent absolument dans le cas de l’exception marquée par Mylord Édouard en répondant à Saint-Preux.

(Cette lettre de mylord Édouard est la vingt-deuxième de la troisième partie de la Nouvelle Héloïse.)

Et Rousseau écrit en même temps à M. Martinet, « châtelain » de Motiers, pour lui remettre son tes-