Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/313

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de tendre ; il avait le cœur sensible, il était homme de bonne société. Quand il n’eût pas été le plus sage des mortels, il en eût été le plus aimable.

Est-ce assez « Vie de Jésus » !

Naturellement, les Lettres de la Montagne redoublèrent la fureur des ennemis de Rousseau. Elles sont brûlées à Neuchâtel, à Berne, à La Haye, à Paris. — Des morts contribuent à l’enfoncer dans sa mélancolie. Il perd le maréchal de Luxembourg, « ce bon seigneur », le « seul ami vrai qu’il eût en France », qui avait continué à lui écrire affectueusement depuis son exil, et à qui Jean-Jacques avait envoyé de longues lettres sur les moeurs du pays de Neuchâtel et sur le paysage du Val-Travers. — Vers le même temps meurt madame de Warens, « déjà chargée d’ans et surchargée d’infirmités et de misères ». Rousseau, qui n’a jamais parlé d’elle qu’avec tendresse et respect malgré tout, la place dans le ciel, — ce qui est bien, — mais aux côtés de Fénelon, — ce qui paraît excessif :

Allez, dit-il, âme douce et bienfaisante, auprès des Fénélon, des Bernex (l’ancien évêque d’Annecy), des Catinat, et de ceux qui, dans un état plus humble, ont ouvert comme eux leur cœur à la charité véritable ; allez goûter le fruit de la vôtre, et préparer à votre élève la place qu’il espère occuper près de vous.

Ce n’est pas tout. Le meilleur ami (avec le maréchal de Luxembourg) et le plus puissant protec-