Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/318

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qu’il pratiqua sincèrement pendant une dizaine d’années) ; mais je dirai qu’il tend à une sorte de catholicité. J’entends par là que son Dieu est le Dieu commun à toutes les religions, et aussi que son Dieu n’est point le Dieu gendarme de Voltaire, ni le Dieu géomètre de ceux des Encyclopédistes qui ne sont pas tout à fait athées, mais que c’est « Dieu sensible au cœur », et aussi Dieu-Providence (un Dieu dont il parle presque aussi souvent que Bossuet) ; quelque chose de plus, en vérité, que le Dieu des déistes-rationalistes.

Et, en outre, il serait sans doute un peu excessif de dire qu’il incline de coeur au catholicisme : mais pourtant, jugeant cruels et stupides les ministres de la religion du libre examen, lesquels le persécutent à la fois par méchanceté et par ignorance du vrai principe de la Réformation ; considérant d’ailleurs et découvrant peut-être l’infirmité d’esprit de la plupart des hommes, et même sentant quelquefois sa propre tête faiblir, il n’est pas sans éprouver quelque sympathie pour l’esprit de soumission et de non-examen des catholiques, qui eux, au surplus, ne l’ont pas traqué.

De très nombreux passages de ses lettres des années suivantes manifestent les sentiments que je viens d’indiquer.

J’en citerai quelques-uns sans beaucoup d’ordre :

A madame de B…, déc. 1763 :

Vous avez une religion qui dispense de tout examen : suivez-la en simplicité du cœur.