Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/320

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— De même à l’abbé de X…, autre prêtre troublé (11 nov. 1764) :

…De quoi s’agit-il au fond de cette affaire ? Du sincère désir de croire, d’une soumission du cœur plus que de la raison ; car enfin la raison ne dépend pas de nous, mais la volonté en dépend, et c’est par la seule volonté qu’on peut être soumis ou rebelle à l’Église… Je commencerais donc par choisir pour confesseur un bon prêtre, un homme sage et sensé, tel qu’on en trouve partout quand on les cherche… Je lui dirais : Je sens que la docilité qu’exige l’Église est un état désirable pour être en paix avec soi ; j’aime cet état, j’y veux vivre… Je ne crois pas, mais je veux croire, et je le veux de tout mon cœur. Soumis à la foi malgré mes lumières, quel argument puis-je avoir à craindre ? Je suis plus fidèle que si j’étais convaincu.

Je ne sais pas bien, n’étant pas théologien, si tout cela est d’une orthodoxie irréprochable ; je ne vous dis pas non plus que les prêtres troublés qui consultaient Rousseau fussent encore de très bons prêtres… Mais toujours il leur conseille l’effort pour croire et la soumission : voilà le fait. A tout mettre au pis, le catholicisme des dernières années de Rousseau vaut bien celui de Lamartine, par exemple.

— Au chevalier d’Éon (Wootton, 31 mars 1766) :

…Si mon principe (le libre examen) me paraît le plus vrai, le vôtre (l’autorité) me paraît le plus commode ; et un grand avantage que vous avez est que votre clergé s’y tient bien, au lieu que le nôtre (le clergé protestant), composé de petits barbouillons à qui l’arrogance a tourné la tête, ne sait ni ce qu’il veut