Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/321

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ni ce qu’il dit, et n’ôte l’infaillibilité à l’Église qu’afin de l’usurper chacun pour soi.

— A M. Roustan (Wootton, 7 sept. 1766) :

…Le clergé catholique, qui seul avait à se plaindre de moi, ne m’a jamais fait ni voulu aucun mal ; et le clergé protestant, qui n’avait qu’à s’en louer, ne m’en a fait et voulu que parce qu’il est aussi stupide que courtisan.

— A Moultou, troublé lui aussi, quoique pasteur, une très belle lettre de réconfort et d’exhortation à croire du moins à Dieu (Monquin, 14 fév. 1769). — Et je vous signale surtout la lettre à M. de M…, autre esprit inquiet et travaillé de doutes, qui est un émouvant commentaire de la Profession de foi du Vicaire Savoyard. (Bourgoin, 15 janvier 1769.) J’y relève ces mots :

…J’ai cru dans mon enfance par autorité, dans ma jeunesse par sentiment ; maintenant je crois parce que j’ai toujours cru. Tandis que ma mémoire éteinte ne me remet plus sur la trace de mes raisonnements, tandis que ma judiciaire affaiblie ne me permet plus de les recommencer, les opinions qui en ont résulté me restent dans toute leur force… et je m’y tiens en confiance et en conscience.

Et plus loin, sur ce qu’il y a un point, dans la recherche, où la raison doit sentir ses limites :

Alors, saisi de respect, l’homme s’arrête, et ne touche point au voile, content de savoir que l’Être immense est dessous.