Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/49

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mais « comme les autres », un causeur étourdissant comme Diderot ou fin et froid comme Grimm ou d’une brusquerie savoureuse comme Duclos, il se résoudra à paraître de plus en plus singulier et « à part », car cela aussi est un succès. Mais avec cela, je le répète, jusqu’en 1749, ses ambitions sont purement musicales et littéraires.

J’arrivai, dit-il, à Paris dans l’automne de 1741, avec quinze louis d’argent comptant, ma comédie de Narcisse, et mon projet de musique pour toute ressource.

Ce « projet de musique » est un nouveau système de notation par les chiffres (le même système, je crois, qui a été repris et perfectionné par Galin-Paris-Chevé, et recommandé maintes fois par Francisque Sarcey). — Il lit son projet, le 22 août 1742, à l’Académie des sciences, sans succès. Il semble porter assez bien cette déception ; et, comme il manque un peu de ressort, il partage son temps entre la lecture et le jeu d’échecs.

Mais les personnes auxquelles il était recommandé, et aussi ses visites aux académiciens, lui ont fait faire des connaissances. — Au reste il dit lui-même : « Un jeune homme qui arrive à Paris avec une figure passable et qui s’annonce par des talents est toujours sûr d’être accueilli. » (C’est aujourd’hui un peu changé.) Donc il rencontre et fréquente Fontenelle, Mably, Marivaux, Bernis, l’abbé de Saint-Pierre, Diderot et, un peu plus tard, Grimm.