Page:Lemaître - Jean-Jacques Rousseau, 1905.djvu/50

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Peu après l’échec de son mémoire sur la musique, comme il attendait tranquillement la fin de son argent, un jésuite, le Père Castel lui dit un jour : « Je suis fâché de vous voir vous consumer ainsi sans rien faire. Puisque les musiciens, puisque les savants ne chantent pas à votre unisson, changez de corde et voyez les femmes. Vous réussirez peut-être mieux de ce côté-là. » Ainsi parla ce jésuite. C’est à lui que Jean-Jacques dut la connaissance de madame de Beuzenval, de madame Dupin, de M. de Francueil et, par celui-ci, de madame d’Épinay et de madame d’Houdetot.

Jean-Jacques suit avec M. de Francueil un cours de chimie. Il tombe dangereusement malade et, dans le transport de sa fièvre, compose des chants et des choeurs. Ces idées lui reviennent dans sa convalescence ; il médite un plan et commence l’opéra des Muses galantes. Nous voilà bien loin encore du Discours sur l’inégalité.

Naturellement il devient amoureux, — sans nul danger pour elle, — de madame Dupin (l’aïeule de George Sand). Car il ne peut voir une grande dame sans en tomber amoureux et sans bâtir là-dessus des projets. Il y a dans Jean-Jacques comme un Julien Sorel sans volonté (ce qui, à vrai dire fait une différence notable.) Il écrit :

Elle me permit de la venir voir. J’usai, j’abusai de la permission. J’y allais presque tous les jours, j’y dînais deux ou trois fois la semaine, je mourais d’envie de lui parler, je n’osai jamais. Plusieurs