Page:Lemaître - Les Contemporains, sér1, 1898.djvu/299

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ensemble, les contes de La Fontaine. L’artifice et l’uniformité des personnages et des sujets n’empêchent point ces bagatelles d’être charmantes par le tour de main, par la grâce incommunicable ; mais on prévoit tout de suite en quoi vont différer les contes d’aujourd’hui de ceux d’il y a deux siècles.

Je voudrais trouver un conte du Bonhomme et une historiette de M. de Maupassant dont la donnée fût à peu près pareille, en sorte que le rapprochement seul des deux récits nous éclairât sur ce que nous cherchons. Mais je n’en découvre point, justement parce que M. de Maupassant emprunte ses sujets et les détails de ses récits à la réalité proche et vivante. À moins qu’on ne puisse voir, à la grande rigueur, quelque ressemblance entre la Clochette, si l’on veut, et Une partie de campagne, car il s’agit ici et là de l’éternelle « oaristys » et d’un garçon menant une fille dans les bois, au printemps. Le conte de La Fontaine a cinquante vers ; il est délicieux et, par hasard, d’une vraie poésie, légère et exquise. Vous vous rappelez le jouvenceau

  Qui dans les prés, sur le bord d’un ruisseau,
  Vous cajolait la jeune bachelette
  Aux blanches dents, aux pieds nus, au corps gent,
  Pendant qu’Io, portant une clochette,
  Aux environs allait l’herbe mangeant…

puis ledit « bachelier » détournant « sur le coi de la nuit » une génisse dont il a étoupé la clochette, et le dernier vers, d’un charme prolongé, indéfini :