Page:Lemaître - Les Contemporains, sér2, 1897.djvu/144

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    Heureux le meurtrier qu’absout la main d’un prêtre !
    Il ne voit plus le sang épongé reparaître
    À l’heure ténébreuse où le coup fut donné.

    J’ai dit un moindre crime à l’oreille divine ;
    Où je l’ai dit, la terre a fait croître une épine,
    Et je n’ai jamais su si j’étais pardonné.

La confession nous est si naturelle, continue le Père Monsabré, qu’avant de passer à l’état d’institution chrétienne « elle était partout connue, prêchée, pratiquée. » Et là-dessus il nous cite « un législateur chinois », Socrate, Sénèque, saint Jean-Baptiste et un missionnaire qui a trouvé la confession établie chez les sauvages. — Fort bien ; mais alors comment l’orateur a-t-il pu nous dire, dans la première partie de son discours, que la confession, si elle avait été inventée par d’autres que Jésus-Christ, eût paru « une nouveauté énorme, une obligation oppressive, la plus répugnante des humiliations ? » Elle est donc tour à tour contraire ou conforme à la nature, selon les besoins de la cause ! Cette radicale contradiction n’est sans doute qu’une inadvertance excusable ; mais voilà ce que c’est que de vouloir démontrer là où l’essentiel est de toucher et d’instruire.

La seconde raison qu’on allègue pour ne pas se confesser, c’est que l’homme s’avilit en s’agenouillant aux pieds d’un autre homme. Se confesser à Dieu, à la bonne heure ! — Mais, au contraire, ce qu’il nous faut, c’est un homme. Ici quelque chose de vraiment humain a amolli la voix de l’orateur :