Page:Lemaître - Les Contemporains, sér6, 26e mille.djvu/356

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certaine sévérité d’imagination et de style. Or, il s’en faut d’extrêmement peu qu’il n’y ait du libertinage dans ses Lettres de femmes et dans ses études sur l’Adultère. À mesure que M. Bourget tournait au piétisme, devenait un romancier purement anglo-saxon, M. Prévost glissait à une spécialité dangereuse, qui exige, pour ne paraître pas un peu ridicule, beaucoup d’aplomb à la fois et de tact chez celui qui la détient et la professe : la spécialité d’écrivain « féministe », de docteur ès sciences de l’amour, consulté par les perruches troublées.

Mais, là est le piquant, l’immoralité courageuse des peintures commente et « illustre », chez M. Marcel Prévost, une doctrine très sûre, presque austère. Par exemple, il n’hésite point à noter et à condamner, non sans la décrire, l’impudicité de la plupart des jeunes mariées. Il conseille toujours, finalement, la vertu stricte. C’est un rigoriste qui, ferme sur ses conclusions, ne craint pas d’insister sur les choses contre lesquelles il conclura. Avec sa finesse expérimentée, sa hardiesse enveloppée de la grâce d’un style souple, clair, abondant ; un peu flou, sa sensualité et son orthodoxie qui se donnent du prix et du ragoût l’une à l’autre, il n’est pas loin de réaliser un type rare : celui de l’érotique chrétien[1].

  1. Encore plus vrai depuis les Demi-Vierges.