Page:Lemaistre de Sacy - La sainte Bible, Furne, 1841, vol 2.djvu/527

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que ceux qui les avaient si maltraités auparavant n’étaient plus en état de leur nuire ; et ils vous priaient de continuer à faire cette différence entre eux et leurs ennemis.

3. C’est pourquoi ils ont eu une colonne ardente pour guide d’un chemin qui leur était inconnu, et qui leur servait comme d’un soleil qui, sans les incommoder, rendait leur voyage heureux.

4. Pour ce qui est des autres, ils étaient certainement dignes d’être privés de lumière, et de souffrir une prison de ténèbres, eux qui tenaient renfermés vos enfants par qui la lumière incorruptible de votre loi commençait à se répandre dans le monde.

5. Et parce qu’ils avaient résolu de faire mourir les enfants des justes, après que vous eûtes sauvé l’un d’eux qui avait été exposé, pour les punir de ce crime, vous avez fait mourir un très-grand nombre de leurs enfants, et vous les avez perdus dans les abîmes des eaux.

6. Cette même nuit avait été auparavant prédite à nos pères, afin que connaissant la vérité des promesses que Dieu leur avait jurées, et qu’ils avaient crues, ils en demeurassent plus assurés.

7. Ainsi votre peuple eut la joie de voir tout ensemble le salut des justes, et la ruine des méchants.

8. Car comme vous punîtes alors nos ennemis, vous nous avez aussi unis à vous et comblés de gloire.

9. Cependant les justes enfants des saints offraient leurs sacrifices en secret ; ils établissaient entre eux d’un commun accord cette loi sainte, qu’ils participeraient également aux biens et aux maux, et ils chantaient déjà les cantiques de louanges qu’ils avaient reçus de leurs pères.

10. Mais en même temps on entendait les voix confuses de leurs ennemis, et les cris lamentables de ceux qui pleuraient la mort de leurs enfants.

11. L’esclave était puni comme le maître, et un homme du peuple comme le roi même.

12. Ainsi il y avait partout des morts sans nombre, et tous frappés de la même mort. Ceux qui étaient demeurés en vie ne pouvaient suffire à ensevelir les morts, parce que ce qu’il y avait de plus considérable dans chaque famille avait été exterminé en un moment.

13. Ils n’avaient point cru tous les autres prodiges, à cause de leurs magiciens ; mais après ce meurtre de leurs premiers-nés, ils commencèrent à confesser que ce peuple était le peuple de Dieu.

14. Car lorsque tout reposait dans un paisible silence, et que la nuit était au milieu de sa course,

15. Votre parole toute puissante vint du ciel, du trône royal, et fondit tout d’un coup sur cette terre destinée à la perdition,

16. Comme un exterminateur impitoyable, qui ayant une épée tranchante, et portant votre irrévocable arrêt, remplit tout de meurtre, et se tenant sur la terre il atteignait jusqu’au ciel.

17. Ils furent troublés aussitôt par des songes et des visions horribles, et ils se trouvèrent saisis d’une soudaine frayeur.

18. Et l’un étant jeté d’un côté à demi mort, et l’autre de l’autre, ils déclaraient le sujet qui les avait fait tuer.

19. Car ils en avaient été avertis auparavant dans les visions qui les avaient effrayés, de peur qu’ils ne périssent sans savoir la cause des maux qu’ils souffraient.

20. Il est vrai que les justes furent aussi éprouvés par une atteinte de mort, et que le peuple fut frappé d’une plaie